Je pense que si de Gaulle porte une lourde part de responsabilité dans la restauration des structures administratives conservatrices et le rappel de "techniciens" attentistes ou vichystes, la situation générale à l'automne 44 risquait d'échapper aux commissaires de la République nommés pour "brûler" les risques d'une mainmise des Américains dans les territoires libérés. (Un Papon est emblématique de ces recyclages express que le gouvernement du Général a couvert et parfois encouragé.) Le risque majeur du chaos n'était alors pas une expression vaine...
Soit. Mais une fois l'ordre républicain assuré, on a le sentiment que de Gaulle avait déjà tourné la page de la Résistance intérieure pour aborder son grand projet de réforme de l'Etat qu'il ne pourra pas mener à bien avant 1959.
Dans le paysage politique tendu de 44-46, il ne faut pas oublier la pression constante d'un Parti communiste français qui sortait de la guerre tout auréolé de la geste FTP et, indirectement, de la prise de Berlin par l'Armée rouge, après l'immense impact qu'eut Stalingrad sur l'opinion mondiale.
Les divisions incessantes des mouvements de la Résistance entre 42 et 44 avaient créé un climat de méfiance. Trop de désirs et d'ambitions contradictoires s'étaient confrontées dans les cercles dirigeants : une pression commune et constante des anciens résistants sur le Général pour obtenir un changement profond des structures du pays semblait impossible. Et Le Connétable avait eu l'habileté d'intégrer quelques chefs de mouvements (Frenay) dans son gouvernement provisoire...Vieille tactique de la division !
Face aux militants disciplinés et motivés du PCF, l'opposition démocratique ne sut pas se créer une base assez solide et oublier les contentieux des années noires.
Amicalement,
René |