La guerre froide avait été le climat le plus favorable pour cette réhabilitation. Les récits de guerre concernaient presque toujours la guerre l' Est, jamais les sympathiques héros ne combattaient des Français, et rarement des anglo-américains. A croire que la guerre à l'Ouest avait été menée par un autre pays que l'Allemagne.
Dans "l'armée trahie" de Heinrich Gerlach, les combattants de Stalingrad étaient quasiment des victimes de l'entêtement criminel de Hitler. "Le médecin de Stalingrad" (Konsalik) procédait de la même analyse. "Du ciel aux enfers" (Hassi Hahn) narrait la captivité d'un aviateur nullement nazi, aux mains des Rouges, brutaux et sadiques.
C'était dans l'air du temps. Les Américains combattaient en Corée, les Français en Indochine, contre "le même ennemi".
Ces ouvrages étaient à usage interne autant qu'à usage externe. Le public allemand avait besoin qu'on lui chante la romance de son innocence. Hans Helmut Kirst aura été, à mon goût, le plus doué, avec "La fabrique des officiers", "la nuit des généraux", et les trois volumes de "08/15", (Caporal Asch, puis Adjudant, puis lieutenant).
Ces cinq livres ont été à l'origine de films, tout comme l'oeuvre de Gregor. |