Bonjour,
Je suis convainu qu'il ne faut surtout pas occulter un pan entier de la littérature française, fut-elle nauséabonde et dérangeante : la littérature de l'Occupation et de la collaboration, selon les termes de l'étude remarquable Gérard Loiseaux. C'est aussi parce qu'on a ignoré ou parfois bêtement censuré des auteurs proscrits qu'on assiste à des retours d'un refoulé historico-littéraire. Choisir de présenter sur un forum ouvert les livres d'écrivains compromis dans la collaboration avec le Reich est une démarche délicate nécessitant, avant toute autre considération, une approche biographique et historique informative : quels écrits, dans quels organes, quel degré d'engagement, l'importance de l'opportunisme, les lectures politiciennes des œuvres "condamnées" après la Libération, etc.
Depuis que je m'intéresse aux proscrits des lettres françaises, j'ai lu et entendu toutes sortes de bêtises, de raccourcis, d'amalgames sur des écrivains très différents. En effet, la position d'un Drieu(*) n'est pas la même que l'engagement d'un Rebatet ou d'un Combelle et la retraite pacifiste d'un Giono n'a rien en commun avec l'attitude d'un Fernandez, d'un Brasillach ou d'un Chardonne qui n'ont pas grand'chose en commun.
Bien informés, on ne risque pas de salir son âme en lisant des auteurs collaborationnistes, opportunistes ou/et vichystes. Après tout, durant quatre ans, ces auteurs dont certains étaient de grands écrivains - je pense à Jouhandeau, Chardonne, Drieu, etc - firent la littérature française pour le pire.
Cordialement,
RC
(*)Drieu reste un cas particulier. L'étude pointue et très personnelle que lui consacre Jacques Lecarme, Drieu la Rochelle ou le bal des maudits (PUF, Perspectives critiques) le démontre une fois encore.
Certains de ses "fils spirituels" ont pour noms Régis Debray, Bernard Frank, Modiano, Nourissier, etc. |