Les chercheurs abordent le cas de La Gazette de Lausanne dont le tirage passa de 12 900 ex. en mars 1939 à 36 300 ex. en mars 1941. Un saut inouï qu'explique la situation en France.
Dans le semaines de désorganisation généralisée qui suivent la débâcle et l'armistice, les Français ont un besoin urgent de nouvelles sérieuses. Le journal vaudois va bénéficier de cette demande et pratiquer une auto-censure opportuniste rigoureuse, ce qui n'empêcha pas la censure vichyste de refuser l'entrée de certaines éditions sur le territoire de la zone Sud durant l'année 1941. Et les interdictions de s'abattre de plus en plus souvent sur le journal romand : il est saisi à quatre reprises en 10 jours... !
Orengo, le censeur en chef de l'Etat français à Annemasse, expliqua que les autorités allemandes faisaient pression sur Vichy pour interdire purement et simplement toute la presse helvétique en zone Sud. Cette position est soutenue par plusieurs membres du gouvernement de Pétain , et par certains patrons de presse français, fâchés des croupières que leur taillent les journaux helvétiques grâce à des sources d'information dont leurs journalistes sont privés. (p.97)
S'en suivit une guerre d'usure entre les administrateurs des journaux et revues suisses, les censeurs vichystes mis sous pression constante par les Allemands, les autorités fédérales et les rédactions qui tentent de faire leur travail d'information.
En octobre 1942 (le 15), La Gazette de Lausanne suspend ses exportations en France suivant le conseil de Berne. Son tirage tombe alors aux environs de 20 000 exemplaires. Il faudra attendre août 1944 pour que le journal puisse repasser dans le pays voisin enfin libéré. (p. 99)
Fin 42, la presse suisse d'information n'est quasiment plus diffusée en France totalement occupée après le débarquement allié en Afrique du Nord.
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RC |