Les “conseillers chinois” au près des Viets (suite) - Le rendez-vous manqué des colonnes Charton et Lepage - forum "Livres de guerre"
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Le rendez-vous manqué des colonnes Charton et Lepage / Serge Desbois

 

Les “conseillers chinois” au près des Viets (suite) de Serge Desbois le dimanche 06 février 2005 à 09h05

Il y avait bien des militaires chinois de Mao auprès des soldats viets en 1950 pendant la bataille de la RC 4. Des supplétifs vietnamiens de nos unités prisonniers à la bataille de Dong Khé et qui avaient réussi à s’évader, rapportaient qu’ils avaient entendu parler en chinois parmi les soldats viets. Voici, sous condition d’anonymat, les confidences que vient de me faire un colonel viet, commandant de compagnie à l’époque et avec lequel j’ai gardé le contact depuis mes derniers voyages au Viet Nam. J’ai mis en forme son exposé en en gardant le sens exact (il a fréquenté le lycée Albert Sarraut de Hanoï il y a …60 ans) :

…Personnellement je ne les ai connus en chair et en os qu'à la bataille de la RC4 en 1950. Comme ils venaient de sortir victorieux des grandes campagnes militaires contre les nationalistes chinois, il était naturel que nous ayons eu envie d'apprendre tout de leur art militaire.

Au début, nous avions des conseillers chinois jusqu'à l’échelon bataillon. Ils nous accompagnaient jusqu'aux barbelés pour nous montrer comment il fallait faire. Ils nous avaient appris comment utiliser rationnellement les charges d'explosifs et certaines tactiques de combat.

Par exemple dans les assauts sur les positions ennemies et les corps a corps, ils nous demandaient de ne pas rester isolés et de nous réunir par groupes d’au moins trois hommes. Nos sections furent alors divisées en escouade de 3 groupes de 3 combattants dont l’un devait être membre du parti communiste si possible.

Mes ces dispositions demandées par les Chinois n’étaient pas seulement observées au combat. Elles restaient imposées aussi dans la vie courante.
Ces 3 hommes devaient vivre ensemble, se promener ensemble, dormir les uns auprès des autres. Il n’y a que pour les commodités qu’ils se séparaient quelques instants. Ce dispositif devait surtout permettre aux soldats du Parti d’exercer une surveillance constante sur les autres dans la vie courante et lors des actions de feux.

Je me souviens, ajoute ce colonel viet, qu’après 1954 et notre entrée à Hanoï, cette discipline s’était relâchée. Nos hommes s’entendaient avec le membre du Parti : Ils s’arrangeaient pour être ensemble seulement au moment de sortir et de rentrer à la caserne. Nous les officiers, nous fermions les yeux car nous trouvions ridicules de rendre visite à sa famille en se faisant accompagner systématiquement de deux “ camarades ”.

C’est ainsi que dans cette promiscuité avec les “conseillers chinois”, nous découvrions leur curieuse façon de vivre dans le privé. Ils avaient l’habitude de s’enivrer et de forcer leur entourage à boire en excès. Or Tonton (Ho Chi Minh) l’avait interdit formellement car le grenier à riz d’où l’on tire le choum était le Delta occupé en partie par les Français. “ Boire de l’alcool, c’est boire le sang du peuple” disait Tonton.

Enfin les officiers chinois “ conseillers ” avaient avec leur ordonnance des rapports de maître à esclave. Ce pauvre ordonnance dans les déplacements, transportait comme un cheval de bât, sur le dos, les volumineuses affaires de son supérieur : matelas, oreillers, vêtements, souliers et très bizarrement 3 cuvettes, l’une pour se laver la figure, l’autre les pieds et la troisième pour…
Au bivouac après avoir préparé le repas de son chef, il faisait chauffer de l’eau avec laquelle il lui lavait les pieds.

Mais rapidement l’enseignement de ces “ conseillers ’’ s'épuisait. Nous découvrions qu'ils n'étaient pas très cultivés. Ils s'embrouillaient souvent dans leurs explications car ils étaient tous des paysans que l'armée rouge chinoise avait délivrés récemment de l'analphabétisme. Nos supérieurs et certainement aussi les chefs chinois s'en sont aperçus et ils ont été retirés des unités de combat.

Je me souviens qu' en 1951, il ne restait que des conseillers chinois au niveau de la brigade (dans la 308 c'était un général de division chinois) et au Q.G.

Au niveau stratégique, en tant qu’officier subalterne à l’époque, j’étais un profane, mais j'avais entendu dire que les conseillers chinois avaient pesé dans le choix de l’attaque de Dong Khé le 16 septembre 1950 pour inaugurer la bataille de la RC 4.

Dans l’élan donné par notre victoire sur la RC 4, ces mêmes conseillers chinois suggérèrent qu'il fallait rapidement attaquer Vinh Yen, la RP 18 (bataille du Dong Trieu) et le delta du Fleuve Rouge dans le but évidemment de faire tomber Hanoï. Ce choix s'avéra être un vrai désastre. En général les Chinois avaient tendance à appliquer la tactique "supériorité en hommes et en armes sur l'ennemi dans une action rapide pour le battre" *.

Nous au contraire nous étions pour la stratégie héritée de nos ancêtres : " Utiliser un petit nombre pour vaincre un grand nombre, la faiblesse pour vaincre la force" *. Cette opposition dans le choix de la stratégie devenait de jour en jour plus net.

À Dien Bien Phu, au début, ma brigade d'élite 308 était placée à l'Ouest dans le but d’asséner dès les premières minutes *un coup décisif au camp retranché des Français selon l'idée stratégique soutenue par les conseillers chinois : " Attaque rapide, victoire rapide *". Après avoir mûrement réfléchi, Giap a décidé d’y renoncer et d'adopter la tactique du "grignotage" des points d’appui français les uns après les autres.

Il lui fallait convaincre non seulement les conseillers chinois mais aussi les pro-chinois au Q.G. Depuis ce moment, surtout après 1956 ou il avait proposé de démobiliser 20.000 soldats, Giap devenait un pacifiste aux yeux des faucons pro-chinois, Nguyen chi Thanh en tête. Il était accusé d’être un révisionniste appartenant à la clique de Khroutchev.


Commentaires : Nous retrouvons ici * les tirades de la dialectique Viet Minh qui ne nous parlent pas clairement à nous occidentaux mais qui ont une grande signification pour les Viets : “ attaque rapide, victoire rapide” ou encore “ attaque lente victoire sûre” et ainsi de suite…La base de ce raisonnement pour Giap était que ses troupes avaient la maîtrise des combats la nuit et en montagne mais se trouvaient en infériorité dans les attaques continues de jour et de nuit et en plaine, à cause de l’artillerie et de l’aviation française. D’où ses succès dans le haut-pays et ses échecs à Vinh Yen, au Dong Trieu aux abord du Delta. Il aurait pu subir selon lui le même échec si, toujours en écoutant les chinois, il avait lancé la division 308 en entier depuis la plaine à l’ouest de DBP, sur les “ Huguette” le PC de De Castries tout proche et le camp retranché tout entier. Son corps de bataille qui aurait été finalement engagé dans son ensemble dans un combat massif de jour et de nuit sur plusieurs jours aurait pu mal se terminer du moins selon lui. D’où son intervention auprès des Chinois et Pro-Chinois de son état-major le 26 janvier 1954 pour tout démonter...pour quelques semaines.

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