Bonsoir,
Marcel-Henri Jaspar, Ministre de la Santé publique en 1940, fut le premier membre du gouvernement à rejoindre Londres où sera formé le gouvernement belge en exil. Dans son livre "Souvenirs sans retouche", il nous brosse un portrait féroce de Joseph Kennedy, ambassadeur des Etats-Unis en Grande-Bretagne:
M. Kennedy était un bavard dangereux, solennel et snob. L'oeillet qu'il portait à la boutonnière ne parvenait pas à le faire prendre pour un "gentleman" sorti d'Eton ou de Harrow : cet homme d'affaires n'était, me semble-t-il, destiné ni par son éducation, ni par sa nature, à donner un avis sur les problèmes internationaux auxquels un sort malicieux et le président Roosevelt l'avaient associé. De fait, son crédit à Londres était nul; aux yeux de cet Irlandais bien habillé, primitif et inculte, la guerre était perdue pour la Grande- Bretagne.
Rappelé par Roosevelt, rentré aux Etats-Unis, ce représentant de la grande démocratie américaine a tenu, quelques semaines après sa rentrée dans la vie privée, un langage étonnant; il déclara au New York Journal, "que la Grande-Bretagne se trouve dans la situation la plus pénible, que la durée de sa résistance est fort imprécise, qu'affirmer qu'elle se bat pour la démocratie constitue un pur non-sens, que l' Amérique serait bien folle de se lancer pour elle dans la guerre; qu'on n'avait ni troupes, ni navires à lui envoyer, et qu'au surplus, il faudrait passer sur son corps à lui, Kennedy, si l'on voulait jamais faire intervenir les Etats-Unis dans la guerre européenne".
Bien cordialement,
Francis. |