La diplomatie US et la France - Les rivaux de Charles de Gaulle - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

Les rivaux de Charles de Gaulle / Anne Laurens

En réponse à -3 -2
-1Pragmatisme de Etienne Lorenceau

La diplomatie US et la France de Francis Deleu le dimanche 23 janvier 2005 à 21h59

Bonsoir Etienne, bonsoir à tous,

Vous posez une série d'interrogations auxquelles je ne puis opposer que de nouvelles interrogations. En fait, n'est-ce pas la raison d'être de "Livres de guerre" que de s'interroger au travers de nos lectures?

Les relations diplomatiques avec Vichy.

Partant du principe que la fonction essentielle d'un ambassadeur est de se tenir informé de tout ce qui se trame dans le pays hôte, d'en informer son propre gouvernement, de peser sur les décisions de l'un et d'autre et enfin, ne soyons point naïfs, de nouer des relations plus ou moins amicales c'est-à-dire proportionnelles aux intérêts à défendre. Fallait-il rompre les relations diplomatiques avec Vichy au risque de se priver de tout moyen de pression ou de dissuasion? A ma connaissance aucun pays accrédité auprès de la France n'a rompu ses relations diplomatiques sauf la Grande-Bretagne, au lendemain de Mers El-Kébir,...à l'initiative de Vichy.
Prenons deux exemples: Bullitt et Leahy.
William C. Bullitt occupe le poste d'ambassadeur des Etats-Unis pendant la "drôle de guerre" et plus particulièrement en mai/juin 1940. Bullitt s'est rangé du côté de Reynaud et ....du général de Gaulle dont il avait remarqué la détermination à poursuivre la guerre. En juin 40, lorsque le gouvernement français décide de se déplacer à Bordeaux, Bullitt, fort de la haute idée qu'il a de son rôle d'ambassadeur, reste à Paris. Cette décision de se couper du gouvernement français, au moment le plus tragique de son histoire, fera dire à Robert Murphy que le cours des évènements aurait peut-être été différent si Bullitt se serait tenu aux côtés de ceux, encore majoritaires, qui refusaient l'armistice.

Pour nous distraire, une petite anecdote à peine croyable! Lors du défilé du 14 juillet 1945, sur les Champs-Elysées, un homme à bord d'un char, vêtu de l'uniforme français, salue la foule. Cet homme n'est autre que Son Excellence Monsieur l'ambassadeur William Bullit. Ce dernier, tombé en disgrâce, s'est engagé dans l'armée de Lattre. Avec le grade de commandant, Bullitt deviendra l'aide de camp du roi Jean.

Peu après Montoire, l'inquiétude de Roosevelt et du Département d'Etat de voir basculer le régime de Pétain dans une collaboration de plus en plus active avec les nazis est si vive que l'on recherche un ambassadeur hors du sérail de la diplomatie traditionnelle. Le général Pershing, compagnon d'armes de Pétain pendant la grande guerre, est pressenti. Trop vieux et malade pour occuper le poste d'ambassadeur à Vichy, c'est l'amiral William Leahy que l'on rappelle de sa paisible retraite aux Antilles. Leahy est un marin, francophile, bien au cours auprès de l'Amirauté française.... et de Darlan. Qui mieux que Leahy pouvait exercer de discrètes pressions sur Pétain et son entourage? La mission de Leahy? Plutôt que de vous assommer avec mes considérations oiseuses, je laisse ce soin à Roosevelt lui-même. Vous connaissez sans doute ce document, nos lecteurs peut-être pas, il s'agit de la lettre que Roosevelt remet à son ambassadeur.

*****************
Lettre du Président Roosevelt à l'Amiral Leahy, nommé Ambassadeur des États- Unis en France.

Washington, 20 décembre 1940.

Mon cher Amiral,

En qualité d'Ambassadeur des États-Unis auprès du gouverne­ment français, vous allez servir les États-Unis à un moment très critique des relations entre les États-Unis et la France. Je mets une entière confiance en votre talent et en votre jugement pour faire face à toutes les situations qui pourront se présenter. Néan­moins, pour votre conduite générale, je crois bon d'exposer dans leurs grandes lignes certains des principes de base qui gouvernent actuellement les relations des États-Unis avec la France.

1. Le Maréchal Pétain occupe une place unique à la fois dans le coeur du peuple français et dans le gouvernement. En vertu de la Constitution existante sa parole fait loi et rien ne peut se faire s'il s'y oppose, à moins de le faire à son insu. Dans ses décrets il emploie le "nous" royal et j'en ai déduit son intention de gou­verner de façon absolue.
En conséquence, je désire que vous vous efforciez de cultiver des relations aussi intimes que possible avec le Maréchal Pétain. Vous devrez lui exposer l'attitude des États-Unis dans le conflit actuel et vous devrez mettre l'accent sur la ferme conviction que nous avons que seule la défaite des pouvoirs qui dirigent en ce moment les destinées de l'Allemagne et de l'Italie peut per­mettre au monde de vivre dans la liberté, la paix et la prospérité; que la civilisation ne peut progresser avec un retour au totali­tarisme.
J'avais quelque raison de croire que le Maréchal Pétain n'était pas au courant de toutes les démarches de son vice-président du Conseil et ministre des Affaires Étrangères, M. Laval, dans les rapports de ce dernier avec les Allemands. On ne peut être sûr qu'une situation semblable ne se représentera pas avec le nouveau ministre des Affaires étrangères. Vous devrez donc vous efforcer d'attirer l'attention du Maréchal Pétain sur les actes accomplis ou projetés au nom de la France et que vous estimerez hostiles aux intérêts des États-Unis.

2. J'ai fait bien clairement comprendre que la politique de notre gouvernement est de soutenir de toute manière possible les pays qui se défendent contre l'agression; conformément à ce principe, il offre et continuera à offrir au gouvernement de la Grande-Bretagne toute assistance, à l'exclusion d'une entrée en guerre. Peut-être désirerez-vous porter de temps en temps à l'attention du Maréchal Pétain et des membres du gouvernement des informations concrètes sur le programme américain à cette fin.

3. J'ai été fort troublé par des rapports indiquant que les ressources de la France sont mises à la disposition de l'Allemagne dans une mesure dépassant celle qui est positivement exigée par les conditions d'armistice. J'ai des raisons de croire qu'en dehors des intérêts égoïstes de quelques individus, il y a une coopération gratuite du gouvernement avec l'Allemagne, motivée par la croyance en une victoire allemande inévitable et finalement profitable à la France. Je désire que vous vous efforciez de vous renseigner à ce sujet et que vous me fassiez un rapport complet sur la question.
Vous devrez tâcher de persuader le Maréchal Pétain, les mem­bres de son gouvernement et les officiers supérieurs de l'armée avec lesquels vous entrerez en contact, de la conviction qu'a notre gouvernement qu'une victoire allemande entraînerait iné­vitablement le démembrement de l'Empire français et, tout au plus, le maintien d'une France vassale.

4. Je crois d'une importance primordiale de garder la flotte française libre du contrôle allemand, et cela non seulement pour la défense de cet hémisphère mais aussi pour la sauvegarde de l'Empire français et pour la restauration éventuelle de l'indépen­dance et de l'autonomie de la France.
En conséquence, dès le moment où nous avons vu l'imminent effondrement de la résistance des armées françaises, ce fut un principe essentiel de notre gouvernement que d'être assuré que la flotte française ne tombait pas aux mains des Allemands et n'était pas employée par eux dans la poursuite de leurs fins. Aussi ai-je informé immédiatement le gouvernement français que s'il permettait que la flotte française fût remise à l'Allemagne, le gouvernement français perdrait définitivement l'amitié et la bienveillance du gouvernement des États-Unis.
Depuis, j'ai reçu de nombreuses assurances de ceux qui ont en main les destinées de la France que la flotte française ne serait en aucun cas livrée aux Allemands.
Le 18 juin 1940, M. Paul Baudoin, alors ministre des Affaires étrangères, assura à l'Ambassadeur Biddle "au nom du gouverne­ment français et de la manière la plus solennelle, que la flotte française ne serait jamais livrée à l'ennemi."
Le 1er juillet 1940, le Président Lebrun informa l'Ambassadeur Bullitt que "la France ne livrerait sous aucune condition la flotte à l'Allemagne". Le même jour, le Maréchal Pétain assura à l'ambassadeur Bullitt que des ordres avaient été donnés à tout capitaine de la flotte française de couler son vaisseau plutôt que de le laisser tomber dans les mains allemandes; et l'Amiral Darlan dit à l'ambassadeur Bullitt qu'il avait "donné l'ordre formel aux officiers de la flotte de couler immédiatement tout navire dont les Allemands essaieraient de se saisir."
Quand le Maréchal Pétain est arrivé au pouvoir comme Chef de l'État français, je reçus des assurances renouvelées et des plus solennelles que la flotte française ne serait pas livrée à l'Alle­magne. Le Vice-Président du Conseil, Laval, réitéra ces assu­rances à M. Matthews le 14 novembre en déclarant que "la flotte française ne tomberait jamais aux mains d'une puissance hostile". Le 16 novembre, quand la question fut de nouveau soulevée, le Maréchal Pétain dit à M. Matthews : "J'ai donné l'assurance la plus solennelle que la flotte française, y compris le Jean-Bart et le Richelieu, ne tomberait jamais aux mains de l'Allemagne. J'ai donné ces assurances à votre gouvernement. Je les ai données au gouvernement britannique, et même à Churchill personnel­lement. Je les réitère maintenant. Ces navires serviront à défendre le territoire et les possessions de la France. Ils ne serviront jamais contre les Britanniques, à moins que nous ne soyons attaqués par eux." Et plus récemment, le 12 décembre, le Maréchal Pétain a dit, au cours d'une conversation avec l'actuel Chargé d'affaires par intérim, M. Murphy : "J'espère que votre Président comprend que j'ai tenu et continuerai à tenir ma promesse solennelle que la flotte française sera sabordée plutôt que de la laisser tomber aux mains des Allemands."
Je pense très fermement que si le gouvernement français, après ces assurances solennelles et réitérées, devait permettre que la flotte française serve à des opérations hostiles contre les Britanniques, un tel acte constituerait une violation flagrante et délibérée des engagements pris auprès du gouvernement des États-Unis.
Vous vous trouverez certainement en relations avec des officiers supérieurs de la Marine française. Je désire donc que dans vos contacts avec eux, de même que dans vos conversations avec les autorités françaises, vous vous efforciez de les convaincre que le fait de permettre l'usage de la flotte ou des bases françaises par l'Allemagne, pour atteindre des buts allemands, ferait perdre à leur gouvernement l'amitié et la bienveillance des États-Unis et entraînerait la destruction de la flotte française, ce qui serait pour la France un mal irrémédiable.

5. Des gens appartenant à des milieux très divers aborderont certainement avec vous la question des fournitures de vivres aux Français.
"Aucun peuple au monde n'a fait plus que le peuple américain pour soulager l'humanité souffrante. Le peuple américain est de tout coeur avec le peuple français dans sa détresse. Comme vous le savez, nous poursuivons nos efforts pour envoyer par l'inter­médiaire de la Croix-Rouge des fournitures médicales et aussi du lait condensé ou en poudre pour les enfants. Néanmoins, l'intérêt premier du peuple américain - un intérêt qui l'emporte sur tous les autres en ce moment - est de voir la victoire des Britanniques. Le peuple américain ne veut donc prendre aucune mesure qui compromettrait le moins du monde cette victoire. Avant que le peuple américain consente à faire exercer une influence sur le gouvernement britannique pour que celui-ci permette le transport de vivres en France à travers le blocus britannique, il faudra que le peuple américain soit totalement convaincu qu'un tel geste n'apporterait pas le moindre secours à l'Allemagne.

6. Dans vos discussions relatives aux Antilles françaises et à la Guyane française, vous devrez souligner que notre seul désir est de maintenir le statu quo dans cette région et d'être assurés que ni ces possessions ni leurs ressources ne seront jamais employées au détriment des États-Unis ou des républiques amé­ricaines. Pour obtenir ce résultat, nous pensons qu'il est essentiel que les navires de guerre stationnés dans les ports de ces îles et de ces possessions soient immobilisés et que nous ayons de sûres garanties que l'or actuellement stocké à la Martinique ne sera utilisé en aucune manière susceptible de favoriser si peu que ce soit l' Allemagne dans le conflit actuel.

7. J'ai remarqué avec intérêt et sympathie les efforts de la France pour maintenir son autorité dans ses possessions d'Afrique du Nord et pour améliorer leur situation économique. Dans vos conversations vous pouvez dire que votre gouvernement est prêt à y aider par tous les moyens appropriés.

Bien sincèrement,
FRANKLIN D. ROOSEVELT.
************

Pfffftttt ! Pour ne pas dégoûter définitivement nos lecteurs, je reviendra un peu plus tard sur vos autres interrogations: le choix de Giraud, l'ouverture d'un second front souhaité par Staline, Churchill et l'opération "Torch"....

Bien cordialement,
Francis.

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