Bonjour Igor,
En relisant des notes prises lors des cours d'histoire contemporaine - colonisation et partage de l'Afrique, Grande guerre et révolution(s) russe(s), montée des totalitarismes en Europe, etc., - entre le début des années 70 et le début des années 80, au collège puis à l'Uni de Genève, l'influence de l'école des Annales et l'approche marxiste transparaissaient alors nettement dans les cours magistraux de nos profs "progressistes".
Je constate que le cadre auquel ils se référaient et dont vous parlez justement nous a tout de même permis d'acquérir une compréhension claire des systèmes et des rapports de force qui ont fait l'histoire des XIXe et XXe siècles.
Sans être méprisées, l'histoire événementielle et l'histoire-batailles n'étaient pas sollicitées par cette génération d'enseignants marqués par les remises en cause idéologiques profondes qui touchèrent l'Université dès la guerre d'Algérie (même en Suisse) puis par le Vietnam. Ils vécurent la contestation socio-culturelle généralisée et la montée en force du référent marxiste appliqué à toutes les disciplines et à toutes les sauces. De l'économie à la linguistique, de la littérature aux sciences politiques et de l'histoire à l'enseignement du cinéma, avec des conséquences parfois discutables.
(Pour se moquer des excès de cette dictature molle, on brocardait certains de nos profs en les traitant de marxistes structuralo-dépressifs ! )
Avec la chute du mur et l'implosion des Etats communistes, le mot d'ordre mandarinal et médiatique fut à la liquidation du marxisme jugé périmé, un mot d'ordre qui m'a toujours semblé ridicule, car les analyses du vieux Karl restent (trop ?) pertinentes pour la compréhension des systèmes économiques.
Un voisin, brillant théologien protestant auteur d'essais mais également de contes, marqué par les différentes thèses de la libération dans les années 60 et 70 me disait l'autre soir sa révolte face à cette liquidation théorique qui selon lui, dans cette période de globalisation forcée, exprime toujours la hantise des dirigeants et de leurs haut-parleurs médiatiques ET universitaires pour tout ce qui pourrait impliquer une discussion de fond chez celles et ceux qui deviendront pour certains les décideurs de demain.
Bien cordialement,
RC |