Bonjour Nicolas, bonjour à tous,
La démonstration de Nicolas Bernard est convaincante et me laisse pantois. Il est des jours où je me demande s'il ne serait pas plus opportun de m'adonner aux plaisirs (?) du jardinage plutôt que de m'égarer dans les labyrinthes de l'histoire où rien n'est certitude, où tout peut être remis en cause.
*** (...) une légende a pris forme, et se retrouve sous la plume d'auteurs sérieux (...)*** (N.Bernard)
Avant que ne tombe cette remarquable mise au point, je m'étais plongé dans l'ouvrage "Crimes nazis en Ardennes" de Jacques de Launay. L'historien, résistant pendant la guerre, ne peut être taxé de sympathie pour les nazis. En exergue de son livre, à une question d'une chaîne de télévision allemande qui lui demande pourquoi il a tant enquêté et publié sur les relations franco-allemandes, de Launay répond: "Parce que six de mes parents proches furent tués par les Allemands et je voudrais savoir pourquoi et empêcher que cela ne recommence".
Objectivement on pouvait donc faire confiance à l'auteur lorsqu'il pointe du doigt les irrégularités du procès ou les méthodes douteuses (tortures, mises en scène macabres, etc..) pour extorquer les aveux des détenus. De Launay cite ses sources:
- Déclarations du médecin-dentiste de la prison de Schwäbisch Hall, le docteur Edward Knorr, le 29 mai 1948; de l'un des infirmiers, Dietrich Schnell, le 10 janvier 1948 et de plusieurs prisonniers SS, in. E. Kern, Deutschland im Abgrund. Gottingen 1963, pp. 173-178.
- Mais aussi K.W. Hammerstein, Landsberg, Henker des Rechts. Wuppertal 1952, pp. 190-210.
- Et encore Hans Grimm, Warum - Woher - Aber Wohin ? Lippoldsberg 1954, p. 487.
Pour le commun des mortels, ces sources sont incontrôlables... et pour les historiens ?
Quelques extraits du livre de de Launay:
" (...) le secrétaire américain de la défense, Kenneth Royall, reprenant les pièces du dossier, à la demande persistante de l'avocat Willis Everett Jr, d'Atlanta, ex-lieutenant-colonel défenseur américain au procès de Dachau, décida d'envoyer à Dachau une commission d'enquête, présidée par le juge Edward van Roden. Malgré l'opposition du secrétariat à la défense, van Roden décida de rendre public les résultats de son enquête (1).
Et l'auteur d'énumérer la liste des sévices infligés aux accusés. Un seul exemple qui, par sa précision, accrédite la légende:
(...) Sur les 139 cas qu'il examina à Dachau et à Schwäbisch Hall, le juge découvrit que seuls deux soldats n'avaient pas eu les testicules écrasés par leurs interrogateurs (...)
Enfin les conclusions qu'en tire l'auteur:
1. la peur a dominé les adversaires allemands et américains, et provoqué de part et d'autre des réactions impulsives (fuite et tir) et incontrôlées.
2. la grande démocratie américaine s'est honorée en reconnaissant ses torts dans le procès de Malmédy (Malmedy Case).
3. la poursuite sans fin du ou des coupables par la loi du talion rend impossible l'application de la Justice et de ses Lois. Il s'agit d'une régression, retour à un état sauvage que nous devons condamner.
Ce qui apparaissait comme des paroles d'un homme de bonne volonté prend subitement un goût bien amer.
Bien cordialement,
Francis.
(1)L'auteur cite le Chicago Tribune du 13 septembre 1948. |