Je suis d'accord : on ne peut certainement pas taxer Prosper Vandenbroucke de sympathies nazillones (!). Il n'a fait que rendre compte du contenu d'un ouvrage - que je n'ai pas lu.
Pour revenir au massacre de Baugnez-Malmédy, je pense qu'il correspond aux directives reçues par les SS. Les 13, 14 et 15 décembre 1944, les officiers du Kampfgruppe ont été briefés sur l'imminente offensive des Ardennes, prévue pour le 16. Peiper a fait savoir à ses hommes que leur unité devait foncer à travers le dispositif allié : ce retour à la guerre-éclair peut interdire, souligne-t-il, de faire des prisonniers - "en aucun cas il ne faudra ralentir l'offensive pour emmener les prisonniers de guerre à l'arrière du front". Si les prisonniers peuvent être confiés à une autre unité sans poser de problème, tant mieux. Sinon, précise Peiper, ils seront soumis au "traitement spécial", terme bien connu dont la signification n'échappera à personne. Voir à ce sujet Gallagher, Malmedy Massacre, Paperback Library, 1964, p. 25.
Au cours du procès de Dachau, Sepp Dietrich, chef de la VI. Panzerarmee, a confirmé que le Führer avait insisté pour que l'offensive des Ardennes soit menée avec brutalité en vue de terroriser l'adversaire (Gallagher, op. cit., p. 110-111). Peiper a également déclaré que les ordres recommandaient d'exécuter les prisonniers si la situation l'exigeait - mais d'autres SS membres de son Kampfgruppe (dont certains qui n'étaient pas jugés à Dachau) ont ajouté que Peiper leur avait simplement mentionné, "avec enthousiasme", de ne pas faire de quartier, de ne pas faire de prisonniers, de ne manifester aucune pitié envers les civils belges (ibid.).
Une centaine de prisonniers américains seront exécutés le 17 décembre 1944 - sans parler des autres victimes belges de la chevauchée sanglante du Kampfgruppe Peiper. Un tel meurtre de masse exclut l'angoisse du combat : il s'agit de l'exécution des directives ci-dessus mentionnées, ne pas faire de prisonniers pour éviter de ralentir la marche vers la victoire. Peiper n'était certes pas présent sur place, mais avait donné des instructions très précises en ce sens avant l'offensive... |