La version de Rahn de sa rencontre avec Giraud - Réplique à l'amiral de Gaulle - forum "Livres de guerre"
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Réplique à l'amiral de Gaulle / Collectif

 

La version de Rahn de sa rencontre avec Giraud de Jacques Ghémard le mercredi 22 septembre 2004 à 19h24

Dans "un diplomate dans la tourmente" de Rudolf Rahn page 233 et suivantes

Une fois encore, il devait apparaître que les plans d'Abetz étaient couronnés de succès. A notre plus grande surprise, il obtint que sa proposition de laisser partir en permission d'une durée limitée les prisonniers de guerre en France, par roulement - 100 000 hommes à la fois - loin d'être rejetée immédiatement par Hitler, fut accueillie avec une certaine bienveillance. Il n'y avait d'ailleurs qu'un pas à faire pour transformer ces permissionnaires en ouvriers du S.T.O. recevant un salaire.

C'est à ce moment qu'eut lieu l'évasion aventureuse du général Giraud de la forteresse du camp de prisonniers de Kônigstein. Les adversaires de la politique d'Abetz triomphèrent et jetèrent de l'huile sur le feu couvant de la méfiance d'Hitler contre " toute cette racaille de félons français qui n'attendaient qu'un moment pour nous tomber sur le dos."

Abetz demanda à Giraud de venir s'entretenir avec lui sur la ligne de démarcation et essaya d'obtenir son retour volontaire en Allemagne. L'entretien eut bien lieu, mais sans succès. Giraud ne crut pas en la garantie d'un traitement honorable - et Hitler était fou de rage qu'Abetz ait pu refuser de le faire arrêter purement et simplement.

Malgré l'interdiction faite à l'ambassade de prendre une initiative de ce genre une nouvelle fois, je retournai à Vichy où je rencontrai Giraud en présence de Pétain et de Laval qui avait été désigné comme président du Conseil une deuxième fois. C'était une tentative bien désespérée de vouloir persuader cet homme - complètement inféodé encore aux idées de Richelieu - de la nécessité d'une liquidation politique de la guerre, aussi contraire aux conceptions de l'état-major général allemand qu'à celles du corps des officiers français.

J'essayai de le désarmer par une franchise sans réserve : "Je suis d'accord; le Führer n'a pas encore une conception de l'Europe et de la politique européenne qui puisse être acceptable pour vous. Il est orienté exclusivement vers la politique intérieure; il n'a de vue que sur un Reich grand-allemand et ne conçoit, hors des frontières, que l'emploi de la puissance matérielle. Il sous-estime également très certainement la force de l'Union soviétique. La capacité d'organisation russe et l'idéologie bolchevique sont peut-être plus fortes que celles du reste du monde occidental et appelées, de ce fait, à prendre en main la conduite de l'Europe. Mais cette unité européenne ne pourrait être réalisée que dans un bain de sang et par une destruction presque totale de la civilisation occidentale. Nous avons peut-être la possibilité de construire cette unité par d'autres méthodes moins tragiques. Le temps travaille pour nous et réussira à convaincre le Führer, qu'il le veuille ou non. Déclarez-vous prêt à vous rendre à Berlin en homme libre et à y prendre vous-même en main l'assistance aux prisonniers de guerre français ! Réalisez ensuite la transformation de ces prisonniers en ouvriers et oeuvrez pour une alliance franco-allemande sans prétention d'hégémonie d'aucune des parties."

Les objections de Giraud, qui n'était pas très sûr de lui, étaient hésitantes. Non, il ne retournerait pas en Allemagne. Par contre, il était disposé à participer à la défense de l'Empire français contre tout agresseur, quel qu'il soit. Finalement, il prononça ces paroles, que j'entends encore : "Je vous donne ma parole d'être prêt à me battre aux côtés des troupes allemandes contre tout Anglais, Américain ou gaulliste qui attaquerait l'Empire colonial français" Pétain intervint: "Me donnerez-vous la même parole, général ?" Et Giraud de répondre : "Oui, monsieur le Maréchal, je vous donne ma parole que je suis prêt à me battre aux côtés des troupes allemandes contre tout Anglais, Américain ou gaulliste qui attaquerait l'Empire colonial français."

Impossible d'en obtenir davantage. Cela n'aurait eu aucun sens de soumettre l'offre à Hitler qui l'aurait rejetée avec mépris.


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A comparer avec celle ci, qui est en grande partie la version de Giraud lui même, page 136 de "Réplique à l'amiral de Gaulle"

Le 21 mai, entre deux visites de résistants de France ou d'Algérie, on demande d'urgence Giraud à Vichy, sans autre précision. A l'arrivée, il apprend par Campet qu'il s'agit d'une entrevue avec un certain Dr Rahn, ministre plénipotentiaire à l'ambassade d'Allemagne. Giraud raconte :

«La scène se passe dans le cabinet du Maréchal, celui-ci visiblement fatigué et toussant beaucoup. Laval fait les présentations. Le diplomate allemand, à l'inverse d'Abetz, il y a trois semaines, est d'une correction parfaite. Il parle couramment français. Il reconnaît que "logiquement et juridiquement" ma position est inattaquable, mais "psychologiquement" je devrais comprendre que le geste volontaire d'un retour en Allemagne serait d'un poids fantastique sur les futurs rapports franco-allemands. Il parle longuement d'une attaque éventuelle des Anglo-Saxons sur l'Afrique du Nord, énumère les terrains d'aviation construits en Afrique équatoriale, les débarquements de troupes, de matériel, l'arrivée de 5 000 hommes à Gibraltar, et déclare enfin que l'Allemagne voudrait se servir de moi pour assurer la coopération franco-allemande en Afrique, au plus grand bénéfice de la France et de l'Allemagne.»

En d'autres termes, l'Allemagne - avec l'accord de Vichy -offre à Giraud de prendre en AFN la place de haut commissaire qu'occupait Weygand avant son rappel en novembre 1941. N'ayant pu obtenir le retour en Allemagne de l'ancien commandant de la 7e armée, Hitler entend donc le neutraliser; voire utiliser ses capacités militaires pour s'opposer à un coup de force allié en AFN. Le risque est gros pour l'OKW car, une fois sur place, Giraud peut se retourner...

Celui-ci choisit de répondre sans détour :

«Je doute fort d'une attaque partant de l'Afrique équatoriale vers la côte méditerranéenne en été, et l'arrivée de 5 000 hommes à Gibraltar n'est vraiment pas un indice d'un débarquement en force quelque part. Quant au rôle que je pourrais jouer en Afrique, il n'en est pas question. Je suis un général du cadre de réserve. J'ai refusé l'offre qui m'a été faite par l'amiral Darlan de me maintenir en activité sans limite d'âge. Je demande simplement à ce qu'on m'ignore.»

«C'est alors, écrit Giraud, que le Maréchal intervient, parle en termes pathétiques de son âge, de son désir de conclure la paix, et me fait comprendre, sans le dire expressément, bien entendu, qu'il est de mon devoir de Français de me rendre volontairement aux Allemands.»

Le maréchal Pétain que Giraud continuait de voir sur «un piédestal intangible» lui apparaît soudain comme «un vieillard influençable, influencé et manoeuvre»... Minute terrible.

«Je refuse», dit-il au héros de Verdun.

Il n'y a plus rien à ajouter.

«Nous nous quittons, le Maréchal et moi, très froidement, écrit Giraud. Je ne l'ai jamais revu.»


Amicalement
Jacques

*** / ***

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