Bonjour,

Je pense que les positions ondoyantes de l'amiral vis-à-vis des corps constitués, des institution ou des représentants de l'Eglise ainsi qu'à l'égard de ses ex-amis parlementaires et ministres de la IIIe République - Darlan fut favorable aux républicains espagnols durant la guerre civile ... ! - disent bien l'opportunisme et l'arrivisme du personnage et son absence de scrupules qui n'a d'égale qu'une méconnaissance totale des enjeux du conflit qui devient mondial sous son règne.
A propos de Moysset, H. Michel écrit :
"Quant à Henri Moysset, il est tout dévoué à Darlan, dont il a été le professeur à l'Ecole navale avant de devenir son chef de cabinet en juin 1940, puis son secrétaire général à la vice-présidence du Conseil; sa récompense sera sa nomination comme ministre d'Etat en août 1941." (p.130) L'amiral fait son miel de tous ses contacts et réseaux d'avant-guerre; il n'a pas de concepts politiques et n'est guère sensible au cléricalisme du régime ni au fatras idéologique qu'est la Révolution nationale. C'est un militaire qui se targue d'être un pragmatique... très intéressé !

A travers le cas Darlan, on se rend compte que "Vichy, acte I" fut en grande partie soumis à l'influence de personnages très marqués par les combinaisons et combines héritées de la IIIe République - on place ses amis à des postes-clés, on protège des adversaires alliés potentiels, on adapte les lois et décrets vichystes en fonction des services rendus ou à rendre, on assouplit ou on durcit la répression contre les "ennemis de l'intérieur" selon les possibilités que représentent tel ou tel ancien ministre ou député, bref, Darlan et ses collaborateurs reproduisent ce qu'ils connaissent bien : le grenouillage et les accommodements, mais boostés par le pouvoir quasi autocratique de l'amiral.
Il mènera grand train en période de disette ce qui achèvera de le rendre impopulaire aux yeux des Français qui galèrent pour trouver de quoi manger. La vision du luxe royal de la cour de Darlan les hérissent de plus en plus, d'autant que plus la guerre avance et se durcit, et moins l'illusion d'un Etat français relativement autonome ne tient auprès d'une population qui respecte toujours Pétain mais déteste ses chefs de gouvernement successifs. Le vieux maréchal roublard sut utiliser avec habileté Darlan, Laval et Cie comme des paratonnerres ...
Ce sont les Allemands qui font et défont les Vichy selon leurs besoins et même les plus pétainistes le constatent tous les jours. Un gouvernement dont certains ministres doivent demander aux occupants un laissez-passer chaque fois qu'ils désirent se rendre à Paris est un gouvernement qui ne contrôle rien d'important. Seul Darlan aura un laissez-passer permanent...

Bien cordialement,

RC