Bonjour Francis,
Je ne pense pas pouvoir confirmer l'appartenance de cet engin, mais une chose est sûre : il n'a pu appartenir à la 21. Panzer Division en URSS, vu que cette division est une des très rares divisions blindées (de mémoire, avec les 15., 26., 116. et 130. Panzer Divisionen - je ne connais pas assez les divisions "nommées" pour en dire plus à leur sujet, mais de toute manière, seules les divisions numérotées de 1 à 27 nous intéressent en matière de Somua S35) à n'avoir jamais mis les pieds sur le Front de l'Est (excepté, je crois, à partir de janvier-février 1945, mais ça ne nous intéresse plus guère à ce moment là) ! De sa création le 1er août 1941 jusqu'à mai 1943, elle est en Libye, Egypte, Tunisie. A partir de juin 1943 jusqu'à février 1945, elle est en France ou sur le Rhin.
Si ce véhicule appartient à la 21. Panzer Division, cela ne peut-être qu'en France en 1943, peut-être au début 1944 (mais c'est douteux, en tout cas, en mai-juin 1944 elle n'a que des PzKpfW IV), après qu'elle eut été reconstituée à partir du Panzer Regiment 100, équipé de chars de récupération d'origine française.
Mais pourquoi ce brave char serait-il endivisionné ?
En mars 1941, les Allemands mettent sur pied, en France, quatre régiments de chars de récupération (Pz. Rgter 201, 202, 203 et 204 - les Panzer Regimenter 201 et 203, formant la Panzer Brigade 100, sont envoyés à l'est sur chars allemands en décembre 1941, le 202 intégra la 26. Panzer Division début 1943, et le 204 fut transféré à la 22. Panzer Division en septembre 1941). La Panzer Brigade 100 est dissoute après le départ de ses deux régiments composantes à l'est, mais elle fournira l'Etat-Major de la Panzergruppe West (future 5. Panzerarmee), et aussi le Panzer Regiment 100 de la 21. Panzer Division reformée en juin 1943. Bref, tout cela pour dire que jusqu'en 1943, il y a des unités de chars français servis par les Allemands en France, alors qu'il n'y a pas de division blindée dans le même laps de temps... Et que ces unités sont équipées de chars français, pas allemands (à moins qu'à la marge... Mais en tout cas, des vieux modèles, notamment des PzKpfW IV Ausf. D, puisqu'on a des photos d'un modèle du genre en France en mai 1944).
Si le char appartient à une unité de l'est, je dirai de toute manière que c'est soit une unité de sécurité (certaines étaient appuyées par des Beutepanzer), soit une unité en 1941, en raison du marquage rouge des chiffres (qui est caractéristique, mais je peux me tromper, de la 7. Panzer Division). Mais cependant, ce char n'ayant pas combattu en première ligne en 1941, il est douteux qu'il ait été affecté à l'est à une division de combat. Je pencherai, si la scène se passe en URSS, pour une unité de sécurité (mais cette option me laisse sceptique).
Autre indication : le numéro "531" indique le char du chef ("1") de la 3ème section ("3") de la 5ème compagnie ("5"). Les Allemands ayant abandonné leurs marquages "1" en 1943 parce que les Soviétiques avaient une fâcheuse tendance à allumer leurs chefs de section (ils avaient compris le coup du "1"), ils changèrent la numérotation et l'équivalent de ce char post-1943 est le char numéro "535" (la section de cinq chars étant numérotée à partir de 535 jusqu'à 539, au lieu du 531-535 précédent, histoire de brouiller les pistes - ingénieux, non ?). Cependant, je ne pourrais jurer que ce camouflage fut étendu aux unités de sécurité...
Voilà mes conclusions : c'est probablement un char en service à l'ouest, dans une unité de récupération de chars français capturés (Panzer Regimenter 201, 202, 203 ou 204, 21. Panzer Division en 1943, ou bien les unités de remplacement et d'instruction, type Panzer Ausbildung und Ersatz Abteilung 100, encore équipé de ces engins en juin 1944). Cela serait confirmé par la couleur des marquages (gros et rouge encadré de blanc, apparemment), qui sont beaucoup trop voyants pour être ceux d'une unité de combat (la 7. Panzer Division les abandonna dès 1941 et c'était la seule à ce que je sache à les porter ainsi). Mais bien sûr, ce n'est qu'une supposition.
Qu'en pensez-vous ?
Loic Bonal |